This Will Make You Love Again

C'était un soir de fin d'été. L'horizon flamboyait, le feu de l'Ether... La lave du couchant se répendait en langues incandescentes par delà les terres de velours noir qui s'étendaient à perte de vue, dans ce panorama hypnotique que Dero contemplait depuis la grande fenêtre de la salle commune de Lovarne.
Ce brasier se reflettait dans ses yeux couleur d'or, à l'iris sans cesse changeant, le plus pur reflet de l'âme.

Ils s'étaient donné rendez-vous ici. C'était la première fois qu'ils auraient le temps de se parler, depuis tant de mois déjà...

Etait-il nerveux? Peut-être un peu... Il espérait qu'elle ne le verrait pas, pour ne pas avoir à s'en expliquer, mais il savait pourtant qu'elle voyait en lui comme à travers le cristal le plus pur.
Elle qui l'avait toujours considéré comme le frère qu'elle n'avait jamais eu... Si elle venait à comprendre tout ce qu'il avait caché pendant les nombreuses années qui s'étaient écoulées depuis leur rencontre... Il avait toujours pensé qu'elle chercherait à le rejeter, ou en tout cas que plus rien ne serait semblable si cela arrivait.
Et rien ne pourrait plus lui infliger de souffrance que de la perdre.

Mina était allée prendre une douche au dortoir. Toute cette histoire de dragon et de Marque des Ténèbres l'avait jetée dans la confusion la plus totale. Et bien souvent un bon bain efface (ou en tout cas masque) les soucis de la journée.

Elle ne s'attendait pas à ce que Dero arrive si tôt. Il s'était dévoué pour aider les préfets à guider les élèves encore traumatisés vers leurs maisons. C'est pourquoi lorsqu'elle descendit à la Salle commune dans l'intention de lire un livre en l'attendant, elle n'avait sur elle qu'une simple chemise de nuit qui lui tombait jusqu'aux pieds. Ses cheveux, encore mouillés, étaient relevés en chignon.
Sans aucun maquillage, son visage était encore plus émouvant qu'à l'ordinaire, car on y lisait le poids de longues années de tristesse. Naturelle, sans le moindre artifice, le moindre arrangement, elle était troublante d'une grâce, d'une beauté qui semblaient désespérément vouées au gouffre.


Lorsqu'elle vit sa silhouette près de la fenêtre, elle n'y regarda pas deux fois, elle savait que c'était lui. Toujours cette nonchalance profondément marquée d'une élégance innée; artificiel malgré lui, il était plus beau que tous les princes que s'imaginent les petites filles.
Et Mina se sentait toujours l'âme d'une enfant.

Elle sourit et s'approcha d'Apolon, qui regardait sombrer au loin son emblême éphémère.

(Rho comment t'as chiadé ton post ma puce!! Merciiii...)

Dero sentit qu'elle approchait, esquissa un sourire, mais ne bougea pas.

Lorsqu'elle arriva près de lui, il la regarda et fut frappé, une fois de plus, par sa magnificence torturée. Il ne la voyait pas "elle", il voyait "en elle". Ses yeux dorés virèrent au mauve.
Il fut pris d'une furieuse envie de la serrer dans ses bras. Il l'entendait presque pleurer, comme lorsqu'ils étaient plus jeunes, et qu'elle venait chercher un peu de réconfort sur son épaule.

Il resta dans cet état un peu étrange jusqu'à ce que la voix tant chérie ne le ramène à la réalité qui s'avérait être, finalement, parfois plus douce encore que le rêve.

[Nan en fait j'étais fatiguée quand j'ai écrit ça et tu sais que quand j'suis fatiguée j'déprime et quand j'déprime j'écris mieux... Nan j'fais pas d'efforts pour toi... xD lol ]

Mina se laissa aller dans les bras de Dero comme un fantôme. Elle ressentit la même chose que des mois auparavant, cette même chaleur, cette même sécurité, cette même confiance. Elle sourit et ses yeux brillaient lorsqu'elle les rouvrit pour le regarder dans les yeux.

- Ca m'fait... tellement bizarre de me dire que ça fait maintenant plusieurs mois qu'on ne s'était pas vus... J'ai l'impression que c'était hier! Et pourtant tu m'as énormément manqué, tu l'sais ça? ^^

Elle prenait un ton enjoué, mais elle se sentait à la fois aible et soutenue. Elle avait le sentiment que si Dero devait repartir, elle tomberait en miettes.

( XD Ok je sais que je ne suis rien pour toi pas la peine d'en rajouter... )

Dero sourit. La réalité lui paraissait abstraite.

Il prit la main de Mina et s'avança vers un fauteuil, où il s'assit, en attirant la jeune femme sur ses genoux comme ils avaient l'habitude de faire auparavant.

[Ooooh pauvre chou... Tu sais bien que j't'aime mon shaddok! ]

Mina s'assit, puis se lova sur les genoux de Dero, les bras autour de son cou et la tête au creux de son épaule.
Elle s'y frotta à la manière d'un chat, et miaula pour la forme. ^^

- Alors, racconte-moi tout. Comment as-tu atterri ici?

Dero laissa échapper un rire discret suite au miaulement de la jeune fille, il ne s'attendait plus à l'entendre. Il lui carressa les cheveux et déposa un baiser sur son front.

- En fait j'ai appris que tu étais ici, en France, grâce à nos anciens voisins de Bulgarie. Donc je suis venu à Paris, pensant que tu y serais, mais j'ai eu beau chercher en long et en large je n'ai trouvé aucune trace de toi.
"Et j'ai eu beaucoup de mal à m'en sortir également pour me nourrir convenablement, je n'ai trouvé aucun sorcier pendant plus de deux semaines. Au bout d'un moment je me suis retrouvé à bout de forces et j'ai fini par tuer des rats, il y en a des millions à la fois dans la rue et dans les égoûts.
"J'ai fréquenté des clochards et il y en a un qui m'a mis en contact avec un homme qu'il connaissait pour être un fournisseur de tabac et de nourriture, mais j'ai vite compris en le voyant qu'il était plus que cela. Il était d'origine anglaise. Il m'a pris sous son aile et m'a fait entrer dans les quartiers sorciers qui se trouvent surtout à Montmartre.
"A partir de là j'ai sû que tu n'étais pas à Paris et je me suis renseigné à propos de l'existence d'une école de magie, on m'a indiqué comment me rendre ici et je suis venu m'y inscrire. ^^ Voilà toute l'histoire.

Mina fut boulversée d'entendre que Dero avait dû vivre, et même survivre comme un chien dans les rues de Paris, sans connaître personne et en étant obligé de se contenter de boire le sang et manger la chair malsaine des rats d'égoûts. Il en était finalement revenu au même point que lorsqu'elle l'avait trouvé, à moitié mourant, dans les neiges de Bulgarie. Cela l'attrista particulièrement, mais il semblait s'être remis de cette mésaventure, et cela la rassura.

- Je suis tellement désolée de ne pas t'avoir écrit plus tôt... Ca t'aurait évité tous ces problèmes, j'en suis vraiment navrée...

Elle resserra un peu son étreinte l'espace d'un instant, avant de se remettre en face de lui.

- Qui était cet homme qui t'a accueilli? Et comment ça se fait que je n'aie pas assisté à ta répartition? Je suis certaine de n'en avoir manqué aucune...

Dero la serra contre lui un peu plus fort, lui aussi.

- C'est rien, t'inquiète pas. On peut pas toujours avoir un train de vie plaisant! ^^ Et puis je suis pas mort, je vais même bien. L'important c'est que je t'aie retrouvée.

Il la regarda ensuite dans les yeux.

- Si, tu as loupé ma répartition, tu t'étais absentée du château à ce moment-là. Mais ne t'en fais pas, tu n'as pas loupé grand chose, tu sais déjà comment ça se passe quand je lis une histoire à quelqu'un.

Il lui sourit avec tendresse, en se demandant si tous ces petits rituels qu'ils entrentenaient chez eux en Bulgarie pourraient revivre eux aussi.

- Celui qui m'a recueilli s'appelle Lovelace. C'est un noble, je crois. Il habite du côté de Montmartre et c'est quelqu'un de très... comment dire, il a eu une attitude vraiment paternelle avec moi. Apparemment il a été marié et a eu un enfant, mais pour une raison ou pour une autre il ne vit plus avec. Ceci explique peut-être cela... Et, autre chose... c'est un vampire, donc ç'a été plus facile pour moi de me renforcer après mon séjour dans les égoûts... Il connaissait du monde, des gens qui travaillaient dans des hôpitaux, des sorciers principalement, ou des moldus qui avaient des intérêts à le servir. Il avait tout le sang qu'il souhaitait et m'a retapé en un rien de temps. Je lui dois beaucoup. Mais je ne sais pas si je le reverrai un jour.

Lovelace... Etrange...

Mina n'avait suiviq u'à moitié ce que Dero lui avait racconté, elle avait surtout retenu ce nom.

- C'est drôle ce nom de Lovelace me dit quelque chose... Je l'ai déjà entendu quelque part...

- Ce n'est pas très étonnant.

Dero eut l'air plus sérieux.

- Tu te rappelles, la dernière fois qu'on s'est vus? C'était auprès de ta mère à Ste Mangouste... Elle m'a posé la même question que toi, ce que j'étais devenu depuis la Bulgarie. Et le nom de Lovelace ne lui est pas inconnu: à la description elle m'a avoué que cet homme avait été son amant il y a des années de cela. Mais que malheureusement ils s'étaient quittés dans des circonstances bien mauvaises. Elle ne m'a pas dit lesquelles et j'ai respecté ce silence, mais toi tu dois savoir pourquoi.

Il posa un regard interrogateur sur la jeune femme, dans l'attente d'une réponse.

Mina ne savait plus trop où elle en était, cette révélation lui ayant fait l'effet d'une coup de massue. Dero, sauvé par un Mangemort, un Mangemort qui avait failli tuer sa mère, et qui vivait à Paris...???

Il y eut un long silence et elle ne revint à elle que plusieurs minutes après que Dero ait fini de parler.

- Euh, il... il... Oui, il a euh...

Se rendant compte qu'elle avait commencé à parler pour rompre le silence et non pas parce qu'elle avait quelque chose de précis à répondre, elle s'arrêta, remis ses idées en place, puis reprit:

- Hum, oui. Maman et ce... cet homme, ils ont eu une liaison, pas très longue mais apparemment très euh, intense dans le sens où ils étaient en symbiose parfaite dans tout ce qu'ils faisaient, mais ça l'a conduite à se conduire de façon ignoble en établissant une différence entre ceux qu'ils considéraient comme faibles et qu'il fallait anéantir, et les autres qu'il fallait rallier à leur cause sinon asservir.

Elle s'arrêta de nouveau. Elle ne se remettait pas du fait que Dero ait pu entrer en contact avec un tel monstre, qui avait été capable de faire faire tant de choses horribles à sa mère... Et qui désormais jetait son dévolu sur un jeune homme au don hors du commun en le choyant comme son fils...

- Cet homme est quelqu'un de très dangereux. Il... Lorsque Tu-Sais-Qui a commencé à se faire connaître, il a décidé de se joindre à lui, mais depuis quelques temps ma mère commençait à avoir des doutes sur sa conduite, et elle a trop hésité à le suisvre, si bien qu'il a voulu la convaincre par la force... Il lui a fait subir des choses... Abominables... Et finalement elle a pris conscience qu'il était tout simplement devenu fou et qu'elle n'éprouvait plus pour lui que de la pitié et du dégoût à la fois. Elle s'est sortie comme elle a pu de ses griffes et ne l'a plus jamais revu ensuite.

Elle soupira. Elle avait cru, s'était persuadée que cet abject personnage était "mort" (dans son cas, avait été anéanti d'une façon ou d'une autre) comme un chien lors de la précédente guerre contre Voldemort, car c'était selon elle tout ce qu'il méritait. Mais voilà qu'il refaisait surface après toutes ces années...
Le cauchemar recommençait bel et bien, cela coïncidait parfaitement avec le retour imminent de Voldemort.

Dero avait écouté Mina parler sans ciller. Il avait d'abord mal interprêté son silence, croyant avoir rouvert une plaie mal cicatrisée en lui rappelant sa mère. Mais il en comprenait maintenant le sens et sût avec certitude, alors, que ce qu'il avait vu à l'infirmerie, Mina devait le découvrir par elle-même, et non pas de sa bouche à lui, car elle se sentirait trahie et délaissée par sa mère.

Ne sachant trop comment répondre dans l'immédiat, il eut le réflexe de carresser les cheveux de la jeune femme, et de l'attirer contre lui.

Un autre long silence plana dans l'air, alors qu'il sentait ses instincts se réveiller avec la tombée de la nuit.

Un feu s'alluma seul dans la cheminée.
A côté, un chat se réveilla et s'étira, bientôt suivit par une animal un peu plus gros qui s'avéra être une hermine. Celle-ci, une fois levée, resta absolument figée pendant quelques secondes, fixant Dero comme s'il allait bondir sur elle au moindre mouvement, et se carapata ensuite sous le fauteuil où elle dormait auparavant.

Cette vision assez comique redonna à Dero un sourire presque convainquant, et il murmura à l'oreille de Mina:

- Ne t'inquiète pas ma puce. Toute cette tuerie ne verra pas le jour une seconde fois. Les gens ne commettent pas deux fois les mêmes erreurs, et nous savons désormais de quoi est capable Voldemort. Nous sommes préparés, nous avons les moyens de nous défendre. Tu sais... Il y a une femme très sage, ici, qui m'a dit que la magie n'avait pas de couleur, mais que c'était son utilisation qui la faisait prendre tel ou tel caractère. Ce qui veut dire que si le combat est inévitable, nous nous battrons à armes égales avec nos opposants. Nous savons pourquoi et comment Voldemort a pu faire régner la peur et la discorde, nous savons donc comment faire pour que cela ne se reproduise plus.

Il n'était pas sûr que ses paroles la rassurent, elle pensait certainement plus au sort de sa mère qu'à une dimension plus importante de ce que le retour des Mangemorts pouvait impliquer.

Il déposa un baiser dans son cou.

- Ta mère est entre de bonnes mains, elle est en sécurité. Tout comme tu l'es toi-même. Je te le promets, mon Ange, tout se passera pour le mieux.

Il la serra un peu plus fort contre lui. Il voulait sentir son coeur battre à proximité du sien. Il voulait respirer en même temps qu'elle. En fermant les yeux, il était capable de se souvenir de sa peau, et de la sentir à travers la fine étoffe de sa chemise de nuit. Elle avait froid, lui semblait-il. Lui, en revanche, brûlait d'un sentiment inextinguible.

Mina était submergée par une foule de questions sans réponse, la tête lui tourna, et elle regarda autour d'elle comme pour chercher ces réponses qu'elle n'aurait jamais, puis espérant sans doute les trouver dans le regard de Dero, seul confident et véritable ami qu'elle ait jamais eu jusqu'ici, elle y plongea le sien et ce qu'elle it ne put être compris que par sa conscience profonde.

Frustrée de ne pas pouvoir savoir, désespérée de ne pouvoir jamais revoir sa mère comme elle était avant, avant la mort de son père et leur fuite continue et insensée à travers l'Europe, elle se sentit plus faible qu'une flamme que le vent charie, et sans qu'elle s'en rende compte des larmes de plomb coulèrent sur ses joues, laissant derrière elles un sillon rougi par la morsure d'une tristesse insondable sur sa peau laiteuse, comme un chemin vers l'oubli.

Elle se laissa doucement tomber contre Dero, le visage enfoui au creu de son cou.